Salève
Le Salève, suisse ou français ? Le « Hausberg des Genevois »
En 1973, je prenais mes quartiers à Veyrier pour deux ans, au pied du Salève. Vivre à l’autre bout de la Suisse, éloigné de la rigueur suisse allemande me permettait de découvrir un tout nouvel état d’esprit. Au même temps, je retrouvais la montagne.
Au Salève, les frontières affectives et politiques se confondent. Y aller, au début souvent à pas de course, me redonnait cette bouffée de liberté qui me manquait depuis que j’avais quitté les montagnes d’Appenzell. Après quatre déménagements, Béatrice et moi sommes revenus à Veyrier en 1997 et le Salève est définitivement devenu notre « Hausberg » comme c’est le cas pour beaucoup de Genevois.
LES ARBRES DU SALEVE RACONTENT LEURS HISTOIRES
Ce livre témoigne de l’amour qui lie les Genevois à cette montagne. Nous avons tous nos coins cachés là-haut qui ont « leur histoire » et certains trouvent une suite dans cet ouvrage de 29 contes.
Ce deuxième livre, publié à compte d’auteur, a reçu un soutien financier de la Banque Raiffeisen du Salève. La Banque l’a distribué à ses associés lors de l’Assemblée générale 2014 et j’avais l’honneur de le présenter lors de l’Assemblée et de le dédicacer plus d’une centaine de fois à cette occasion.
À défaut d’un distributeur, je m’occupe moi-même de faire connaître mon livre. Un des plus beaux moments s’est produit lors de l’apéritif du vernissage de Bex-Arts 2014 : le sculpteur Laurent-Dominique Fontana et l’architecte Urs Tschumi venaient de m’acheter chacun leur exemplaire et lors des discours, ils étaient les deux plongés dans les histoires racontées par les arbres du Salève – pour l’auteur quel bonheur de les regarder!
J'ai envie de vous faire cadeau du conte n° 9, une histoire de frontière...
LA DISPUTE
Il y a quelque temps, j’ai fait remarquer à une vieille connaissance deux arbres, ici pris en photo un jour de froid de canard, doublé d’une bise effroyable. Je lui ai parlé de mon impression : ces deux arbres se disputent depuis que je les ai vus pour la première fois. Cette personne me regarda avec des yeux brillants qui, visiblement, cachaient une histoire cocasse.
Voici ce qu’on raconte à leurs propos dans la région.
Au début, il s’agissait d’une simple question de limite qui passait entre les deux arbres, marquée par une barrière en fil de fer barbelé. Le plus petit, à gauche, reproche à son grand voisin de bien trop se pencher sur son terrain. De plus, il lui fait de l’ombre. Chaque automne, dès que les feuilles tombent, la dispute reprend. Mais le petit arbre, intimidé par la taille et le langage malpoli de son voisin, et, à défaut de pouvoir reculer, doit s’incliner un peu plus en arrière, pour se protéger. Décidé à ne pas se laisser faire plus longtemps, il passe à la contre-attaque. En profitant d’un fort coup de vent soufflant dans son dos, il se permet de donner une bonne gifle à son grand vis-à-vis. Ce dernier ne tarde pas à lui retourner la monnaie de sa pièce, faisant tomber une première branche. Par la suite ce jeu se répéta bien trop souvent. Encore aujourd’hui, on peut constater le peu de branches qui restent sur le petit arbre du côté exposé aux agressions perfides.
Le paysan regarda ces échauffourées d’un mauvais œil, car il était du genre à imposer la paix des pâturages. On raconte qu’il parla à maintes reprises aux deux arbres, les priant de se comporter correctement l’un envers l’autre.
En vain. Les empoignades reprennent de plus belle, dès qu’il tourne le dos. Pas étonnant alors que les deux arbres dépérissent à vue d’œil. Cet état de guerre sans fin entre les deux arbres rendit malade notre bonhomme. Il rechercha d’autres solutions pour assurer la paix.
On le vit même au bar du village en quête d’un bon conseil. Jusqu’au jour où il tomba sur un Genevois qui lui suggéra d’aller voir un notaire en lui indiquant son nom.
Notre paysan ne tarde guère à se rendre à Genève chez ce notaire. Il raconte son histoire ; elle le perturbe depuis belle lurette et ne le laisse plus dormir tranquille une seule nuit. Le notaire réfléchit un moment. Il donne le conseil tant attendu : il faut supprimer la limite qui passe entre les deux arbres et créer une sorte d’enclos. C’est ce que fait notre paysan dès son retour. Notre photo a évidemment été prise après cet événement. Elle nous permet d’imaginer sans difficulté l’enclos évoqué. Par contre, les deux arbres qui se sont disputés pendant tant d’années, sont restés figés dans leurs positions bagarreuses, enfin tranquilles. Une drôle d’histoire d’arbres mais une réalité bien plus fréquente chez les êtres humains.
Le livre vous dévoile la suite en photo...
et evidement les autres 28 histoires chacune accompagnée de sa photo
Le livre peut être commandé au prix de CHF 30.- port compris (suisse) en m'écrivant un e-mail
Il est également disponible dans les librairies genevoises suivantes:
-
Payot Rive Gauche et Gare Cornavin
-
Librairie du Boulevard, Rue de Carouge
-
Librairie Librerit, Place du Marché 1, Carouge
-
Librairie Nouvelles Pages, Rue St-Joseph, Carouge
-
Librairie Le Vent des Routes, Rue des Bains
-
FNAC Rive Gauche
mais aussi:
-
La Maison du Salève à Présilly (France)
-
L'Aubérge des Montagnards à la Croisette (France)